COLETTE JEAN, organisatrice de la manifestation du 6 février, devant la caméra,
entourée de Mélanie Bérard (gauche) et France Croteau, RUTASM (droite)
Publié le 06 février 2015 à 19h29 | Mis à jour le 06 février 2015 à 19h29
Manif pour le transport adapté
Camille Dauphinais-Pelletier
La Tribune
(Sherbrooke) Délais de plusieurs jours avant de pouvoir obtenir un transport, abolition des transports réguliers pour les activités de loisirs, retards au travail et aux rendez-vous; les situations vécues depuis l’automne 2014 par les usagers du transport adapté les ont poussé à sortir manifester, vendredi matin au coin des rues King et Belvédère.
C’est la Sherbrookoise Colette Jean, qui se déplace elle-même en fauteuil roulant, qui a organisé la manifestation par exaspération. « La STS agit de façon pécuniaire et oublie la dimension humaine », a-t-elle affirmé, soulignant que les conséquences de la baisse de service pouvaient être très importantes pour les personnes handicapées, allant de l’arrêt d’activités sociales à la dépression.
Pas des militaires
« On est tannés de se faire dire de se discipliner, qu’on n’est pas à notre affaire… Je suis désolée, mais on est probablement les plus disciplinés de la société. Et on n’est pas des militaires, on est des personnes sociales », poursuit celle qui demande l’abolition du nouveau poste d’adjointe au service d’exploitation de la STS, qui « coûte trop cher ».
La présidente du Regroupement des usagers du transport adapté de Sherbrooke (RUTASM), France Croteau, a célébré la détermination de la trentaine de personnes qui s’étaient déplacées vendredi, pour la plupart enveloppées dans de grosses couvertures. « Ce qu’on voit ici aujourd’hui, c’est du courage. Plusieurs personnes handicapées ne peuvent pas bouger leurs jambes pour se réchauffer. Mais elles tiennent au transport adapté, elles ne veulent pas qu’on bloque leur vie », a-t-elle soutenu, mentionnant que plusieurs autres auraient aimé pouvoir venir.
Appui de Monchénou
Le directeur général des Résidences Monchénou, David Caron, était présent à la manifestation. L’organisme constate que depuis l’automne 2014, il doit effectuer plus de transports à ses résidents, qui ne peuvent plus avoir autant accès au transport adapté qu’auparavant.
« Dans notre organisation, on a des plans B et C pour les résidents, mais ce n’est pas le cas de tout le monde à Sherbrooke. On ne peut pas rester silencieux devant une gestion qui n’est pas collaborative, qui semble unilatérale, un entonnoir qui ne semble pas être en faveur d’une recherche de solutions», affirme M. Caron.
De telles coupures dans le service ne peuvent être justifiées par des contraintes budgétaires, selon lui. « L’argument de la capacité de payer des contribuables commence à être déplacé. On parle ici d’une situation qui se trouve au rang de la dignité, de la justice et de l’équité.
« En ce moment, le seul critère qu’ils semblent avoir à la STS est la rentabilité, et la Ville semble cautionner à 100 % ces orientations. D’un autre côté, on entend qu’il y a un toit qui se prépare pour place Nikitotek, des achats d’immobilisations pour un centre sportif, des fonds donnés à la maison de l’eau… on voit où sont les priorités », poursuit celui qui interpelle l’ensemble des élus sherbrookois à se prononcer dans le dossier.
« C’est un peu cliché, mais il faut le dire : si M. Vachon ou M. Sévigny perdaient l’usage de leurs jambes l’instant d’une journée et devaient se véhiculer dans Sherbrooke, ils trouveraient ça ardu. »