Les chroniques de Han-Maison
Chapitre 2
Le Soleil se lève sur Han-maison. Je blague. Le Soleil est toujours couché. Mais il est 5h45, et Charlie secoue mon lit de camp pour me réveiller.
Elle nous impose un régime militaire. Si vous voulez mon avis, elle est très heureuse que ce soit la fin du monde. Les cheveux bruns, coupés court, la mâchoire carrée. Elle a toujours voulu vivre dans un film d’action. À l’âge de quatre ans, elle s’est fait diagnostiquer un trouble du spectre de l’autisme. Son truc, c’est Mad Max. Elle écoutait ces films toute la journée quand la Terre tournait encore. Lorsqu’elle était toute petite, elle écoutait Mad Max, Mad Max : The Road Warrior et Mad Max : Beyond Thunderdome. Mais son préféré est de loin Mad Max : Fury Road, sorti en 2015 alors qu’elle avait dix ans. Il met en scène une femme comme actrice principale, ce qui lui permet de s’identifier encore d’avantage à l’histoire. Imaginez, cela fait environ 17 ans qu’elle accumule des connaissances au sujet d’un monde postapocalyptique relativement semblable au notre. Je suis très, très content qu’elle ait cet intérêt spécifique. Après tout, c’est bien d’être passionné. Elle est de loin notre plus grande alliée en ce qui concerne la survie de Han-Maison et de ses résidents.
Bref, Charlie est là, à secouer mon lit de camp.
Je lui réponds par un grognement peu déchiffrable, tout en roulant sur le côté. Des mèches blondes me tombent devant les yeux. Je les coiffe rapidement. Mes cheveux ont beaucoup poussé ces quatre derniers mois, mais je ne m’en plains pas. En fait, mes colocs de Han-Maison trouvent que le style me va bien.
Je sais ce que Charlie veut, et ça ne me donne pas particulièrement envie de me lever. Nous sommes lundi, le jour de la semaine qui est consacré à faire le plein de provisions. Charlie et moi sommes en charge d’accomplir cette tâche (ou mission comme elle l’appelle) puisque nous sommes les plus jeunes de Han-Maison. Aujourd’hui, nous allons pêcher du poisson. Il faut se réveiller tôt. Les poissons sont plus actifs au tout début de la journée. Normalement, j’aime la pêche à la glace. Seulement, depuis le dernier mois, plusieurs autres groupes ratissent le fleuve. La plupart ne viennent que pour pêcher, mais certaines personnes commencent à avoir faim. On a vu des gens se faire attaquer et dépouiller de leurs poissons. Je ne souhaite pas vivre l’expérience.
Je tends mon bras gauche vers ma canne et me lève.
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Allez Charlie en avant! Allons braver les eaux et rapporter des provisions!
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Ne fais pas semblant mon gars, je sais que tu ne dis pas ça avec gaieté de cœur.
Je lui lance mon sourire de moitié de visage si charmeur.