Le 2 pour nous deux – Raymond Cyr
Raymond a ses études doctorales complétées en administration, une maîtrise en éducation et autres formations universitaires. Il a été un enseignant de carrière et il est un homme de métier de la construction. Il parle plus d’une langue dont le français et l’anglais.
Pour rejoindre Raymond, téléphonez à notre bureau administratif au 819 542 1136 ou écrivez à handicapable.bureau@gmail.com
C’est avec plaisir que je vous présente mon ami Raymond. Avec le temps et le travail, il est devenu le pilier de Handi-capable. Mais je n’oublie pas ici Henriette qui en est la doyenne et a administré notre organisation depuis les années 70. Raymond est né en 1952 en Saskatchewan. Sa grand-mère maternelle est native du Manitoba Métis. Il est le troisième d’une belle famille de neuf enfants. Six garçons et trois filles forment cette famille. Jeune, son père ramène sa famille depuis la Saskatchewan jusque sur les plateaux des monts Chic-Chocs, en Gaspésie. Raymond fait partie d’une famille qui y a une longue histoire. Il me parle de son grand-père, un autochtone-hors-réserve qui, en 1938, a fondé cette colonie sur les monts Chic-Chocs en Gaspésie, sans l’aide de l’Église ou du Gouvernement. Là, il a grandi dans un monde sans électricité ni autres commodités de la vie moderne. Son plus grand diplôme, confie-t-il, fut de recevoir un fusil des mains de son père pour chasser seul, à onze ans. Une consécration d’état d’Homme. (Nous savons que Raymond a complété des études doctorales en administration.)
Très jeune, il a appris que la vie n’offre pas toujours des choix intéressants. Entre autres, il a appris à composer avec la dureté des autres gamins qui n’acceptaient pas les conséquences de ses handicaps. Ces derniers lui donnaient souvent des coups de pieds aux fesses, tel un simple jeu, pour le faire avancer à leur rythme, se souvient-il, un peu triste. Même s’ils furent parfois cruels à son égard, Raymond ne leur en veut aucunement. C’est ainsi qu’il a situé des limites et appris leur dépassement par le courage. Et il les a dépassées, ses limites. Adulte, ne pouvant plus fournir un rendement adéquat comme travailleur de la construction, il doit abandonner le rude travail physique. Ainsi, il se retourne alors vers les études et l’enseignement. Il professe onze années. Mais ses déficits s’accentuent plus encore par l’usure due aux longs et constants efforts pour « suivre le rythme » normal. Il décide de rejoindre le milieu communautaire comme coordonnateur. Pour la première fois de sa vie, exprime-t-il, il ne se sent pas contraint de rendre plus qu’il ne peut. Il n’est pas jugé et évalué sous des normes qui l’emprisonnent dans une vie qui ne lui laisse aucune énergie pour lui-même. Il se dit bien heureux et chez lui chez Handi-capable. C’est sa gang.
Raymond est arrivé à Sherbrooke après son secondaire. Ensuite, il voyagera par tout le Canada en travaillant dans la construction. La colonie de son grand-père (où il a grandi et vécu sa culture autochtone) est fermée par les agents du Gouvernement, en 1974. Raymond n’a alors plus de référence d’origine. Il ira de place en place. Il connaîtra les Métis et les Premières Nations de l’Ouest en vivant de longs moments avec eux et en partageant leurs activités de vie. Il descendra même une rivière nordique en canot jusqu’au fleuve Nelson, qui se jette dans l’Arctique. Ses souvenirs abondent. Kongkess i l’kik (…) (Merveilleux travail (…)) s’adresse-t-il à moi en une belle langue autochtone que je ne connais pas. Il me disait que je faisais un beau travail. Et j’apprends que, par sa mère, il parle couramment l’anglais et il a déjà enseigné la littérature de cette langue aux jeunes anglophones.
Raymond ne changerait rien de sa vie. Il me dit que sa vie est la totalité de ses expériences. Il aime ses réussites et accepte les épreuves qui l’ont formé tel qu’il est. Il affirme que nous nous réalisons par les autres, qu’importe ce qu’ils sont ou font. Et il en va de même pour ceux et celles qui l’aident et qu’il aime en retour, dans ses relations d’échanges.
Handi-capable, pour lui, est le regroupement de personnes handicapées qui aiment le travail comme un geste de vie des plus importants. Il me parle d’une affection profonde pour le travail. Chez les siens, la première qualité chez les Hommes, la plus grande de toutes, est la vaillance.
Son message aux membres est de se rendre compte à quel point chacun-e apporte et contribue à la Vie par sa participation, particulièrement par sa présence dans sa communauté, son appartenance à un groupe… à sa gang.
Li Esprit, not criâteure, li courage mi yi nawn, paray chee i tayh ta maw.
Esprit, notre créateur, donne-nous le courage d’être une seule pensée.
Raymond Cyr et Marc Pilon