Volume 2, no 5

 

 

UN PRINTEMPS HÂTIF
ou
ENFIN LE PRINTEMPS!!

 

 

12 mars 2010

 

Bonjour,

Le printemps arrive tôt, cette année. Les ours bruns sont déjà réveillés; il paraît que c’est un vrai signe. Pour nous les humains c’est le temps du grand ménage et de création de projets. Moi, cette année, j’ai pris une grande décision, celle de me rapprocher de ma famille en déménageant dans le coin de Montréal. Parfois, il faut oser le changement pour découvrir de nouveaux horizons et enrichir sa vie, mais il ne faut pas oublier ses vieux amis.

Francis 

 

LE TEMPS DES SUCRES SERAIT PLUS TÔT!

Les producteurs de sirop sont au travail en forêt, car ils s’attendent à récolter la précieuse eau d’érable beaucoup plus tôt cette année, conséquence d’un hiver moins neigeux.

« Probablement que ça va décoller tôt! Ils devraient couler assez de bonne heure parce que le pied de l’arbre est dégagé. Les gros producteurs sont en train d’entailler et moi, je me suis arrangé pour être prêt », a signalé le président de la Fédération des producteurs acéricoles, Serge Beaulieu, lui-même propriétaire d’une érablière au sud-ouest de Montréal. M. Beaulieu a confirmé que ses érables avaient commencé à produire légèrement en après-midi hier.

Dans la région de Québec, les érables coulent habituellement vers le 15 mars. Mais la loi de la moyenne n’a évidemment rien d’une science exacte. L’an dernier, la saison a commencé tardivement, soit au début du mois d’avril, alors que cette année, les producteurs anticipent une coulée hâtive, peut-être même avant la fin du mois de février.

Du sirop de janvier !

« Il y a eu du temps doux en janvier et ça a coulé à plein! Ça a duré juste une journée et demie, mais il y a des producteurs (dans le sud de la province) qui ont gardé de l’eau et qui ont réussi à faire du sirop », a révélé Serge Beaulieu, ajoutant que l’absence de neige n’est pas un facteur nuisible, contrairement à des croyances populaires. « On a autant de chances de faire une bonne saison que d’en faire une moins bonne, mais l’épaisseur de neige, ce n’est pas ça qui fait la différence. » Sa boule de cristal lui prédit une bonne saison… quoi de plus hypothétique?

« Faire du sirop, ça n’a aucun rapport avec la neige. C’est le gel et le dégel qui comptent », tranche Jean-Paul Tardif, de l’Érablière du Cap à Saint-Nicolas. « En 2008, on avait eu un record de neige et ça a été la plus petite saison depuis longtemps. Vous avez déjà entendu parler du sirop d’automne? Est-ce qu’on a de la neige l’automne? » questionne-t-il pour illustrer l’évidence.

« Qu’il y ait de la neige ou pas, je ne suis pas inquiet du tout. Même s’il n’y avait pas de neige, on pourrait faire du sirop sans aucun problème, c’est le cas dans le Maine, dans le Vermont, à la Nouvelle- Écosse et sur le bord de l’Ontario », a rappelé Richard Lessard, de l’Érablière du Lac-Beauport.

Ces données proviennent du site : http://argent.canoe.ca/lca/affaires/quebec/archives/2010/02/20100223-070328.html

 

LÉGENDE DU SIROP D’ÉRABLE

Bien avant l’arrivée des colons européens en Amérique du Nord, les tribus amérindiennes de l’est du Canada et du nord-est des États-Unis auraient découvert comment recueillir la sève des érables et la transformer en sirop.

Certains racontent que les chiens des Amérindiens, par leur comportement, auraient mis la puce à l’oreille de leurs maîtres: une branche s’était cassée et les chiens se bousculaient tout autour pour lécher la sève qui coulait, et c’est ainsi que les Amérindiens eurent l’idée d’y goûter.

ecureuilUne autre version indique qu’un petit écureuil grimpa le long d’un tronc d’arbre et mordit une branche… et se mit à boire. Un Amérindien au bas de l’arbre le regardait et se demandait pourquoi, puisqu’une source d’eau fraîche coulait tout près. Il imita l’écureuil en faisant une fente de son couteau… quelle surprise! Jusqu’alors, sa tribu ne trouvait du sucre que dans les fruits sauvages. Et voilà un arbre qui pleure du sucre en larmes de cristal. En plus, il venait de découvrir un remède contre le scorbut dont les siens souffraient souvent au printemps. Tout ça parce qu’il avait regardé et imité un écureuil se désaltérer avec la sève d’un érable…

Marie-Victorin, grand naturaliste et savant québécois, auteur illustre de la Flore laurentienne, affirme carrément que les Amérindiens apprirent de l’écureuil roux l’existence du sirop et de la tire d’érable. En effet, lorsque qu’une branche d’érable à sucre casse sous le poids du verglas, la blessure causée coule au printemps. De cette entaille naturelle, la sève suit toujours le même trajet, parfois même jusqu’au pied de l’arbre. Jour après jour, le chaud soleil printanier évapore l’eau et il ne reste finalement qu’une traînée de tire d’érable que les écureuils roux lèchent goulûment.

spawa Les Indiens Shippawa du Michigan

Une magnifique peinture nous les montre s’installant pour la saison des sucres dans une forêt d’érables où ils reviennent chaque année.

Autant de tribus, autant de légendes amérindiennes
expliquent comment cela a pu se passer…

Micmac

Par une journée de tôt printemps, alors que le vent était encore frisquet, une vieille femme Micmac alla ramasser la sève des érables et, comme elle goûte meilleure chaude, elle en mit dans un pot qu’elle plaça au-dessus de son feu de teepee. Fatiguée, elle alla s’étendre pour se reposer. Lorsqu’elle se réveilla, le soir était déjà là. Dans le pot, elle trouva un sirop doré, clair et sucré.

Algonquin

Le chef prit son tomahawk de l’érable dans lequel il l’avait enfoncé la veille. Comme le soleil montait dans le ciel, la sève se mit à couler. Sa femme la goûta et la trouva bonne. Elle s’en servit pour cuire la viande: ce qui lui évita d’aller à la source pour chercher de l’eau. Le goût sucré et l’odeur douce furent très appréciés par le chef. Il appela le sirop dans lequel avait bouilli la viande, Sinzibuckwud, mot algonquin qui veut dire « tiré des arbres ».

Iroquois

Par un matin froid et piquant, il y a fort longtemps, un chef iroquois du nom de Woksis sortit de sa hutte. Puisqu’il devait aller à la chasse, il retira son tomahawk de l’érable dans lequel il l’avait planté la veille au soir. Le tomahawk avait fait une profonde entaille dans l’arbre, mais Woksis n’y fit pas attention. Il partit chasser.

Un récipient en écorce de bouleau était posé au pied de l’érable. Goutte à goutte, la sève qui ressemblait à de l’eau s’écoula de l’entaille faite dans le tronc de l’érable et remplit le récipient.

Le lendemain, la femme de Woksis remarqua que le récipient était plein. Pensant que la sève incolore était de l’eau, elle s’en servit pour faire un ragoût de gibier.

Le soir venu, au souper, Woksis sourit et dit à sa femme : « Ce ragoût est délicieux. Il a un goût sucré. »

N’y comprenant rien, la femme trempa son doigt dans le ragoût qui avait mijoté tout l’après-midi. Woksis avait raison: le ragoût était sucré. On venait de découvrir le sirop d’érable!

Légende de Nokomis (La terre)

Nokomis, grand-mère de Manabush et héros de nombreuses légendes indiennes, aurait été la première à percer des trous dans le tronc des érables et à en recueillir la sève. Manabush, constatant que la sève est un sirop prêt à manger, dit à sa grand-mère Nokomis: « Grand-mère, il n’est pas bon que les arbres produisent du sucre aussi facilement. Si les hommes peuvent ainsi sans effort recueillir du sucre, ils ne tarderont pas à devenir paresseux. Il faut tâcher de les faire travailler. Avant qu’ils puissent déguster ce sirop exquis, il serait bon que les hommes soient obligés de fendre du bois, et de passer des nuits à surveiller la cuisson du sirop. » Craignant que Nokomis ne l’écoute pas, Manabush grimpa au haut d’un érable avec un vaisseau rempli d’eau et versa le contenu à l’intérieur de l’arbre. Le sucre se dissout et l’on dut travailler dur désormais pour se procurer du sirop.

Le dieu Nanabozho

Il y a bien longtemps, du sirop pur, comme celui dont on arrose ses crêpes, coulait des érables. Lorsque le dieu Nanabozho y goûta, il le trouva tellement bon qu’il se dit que les habitants de la Terre n’apprécieraient pas ce sirop s’ils pouvaient se le procurer aussi facilement. Nanabozho ajouta donc de l’eau à l’épais sirop fourni par l’arbre, tellement d’eau que le liquide finit par ressembler à de l’eau sucrée. Il dissimula ensuite cette sève au plus profond de l’arbre. Depuis ce temps-là, les hommes doivent travailler fort pour obtenir du sirop d’érable.

Source : http://www.erabliere-lac-beauport.qc.ca/indiens.htm

 

LE CHAT DE MARC

Nous n’oublions pas notre rendez-vous du mardi à 19 h!! 

 

RAYMOND NOUS PARTAGE UN FAIT

Publié le 03 mars 2010 à 06 h 22 | Mis à jour le 03 mars 2010 à 06 h 24

Chaque matin, Linda Gauthier s’en va sur le web et lit les journaux. En français, en anglais. Elle veut s’informer, bien sûr. Mais elle cherche aussi un terme qui lui pue au nez : « handicapé ». Puis, quand elle débusque le mot honni, elle écrit au journaliste fautif « pour le planter », comme elle dit. Linda est une emmerdeuse, sachez-le.

Linda Gauthier est dans la jeune cinquantaine. Et, depuis 2001, elle a les fesses dans un fauteuil roulant. Sclérose en plaques. Elle a perdu sa mobilité, son (premier) mari, son travail.

Elle s’est jetée à corps perdu dans sa mission : militante pour les droits des personnes handicapées. Son organisme, le Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ), emmerde tous ceux qui, par paresse ou omission, rendent la vie difficile aux handicapés.

Oups, pardon, Linda. Je veux dire « aux personnes handicapées ».

Elle me sort un exemplaire tout frais du journal gratis 24 Heures, un papier qui devrait plaire aux personnes handicapées. Sur les Prix Nobel qui garent leur auto dans les places réservées aux personnes handicapées. Même s’ils sont, eux, des « personnes ambulantes », comme dit Linda.

« Ça coûte quoi de dire «personne handicapée» dans le texte? Rien… »

Je suis de l’école classique et un peu grognonne qui veut qu’un aveugle n’est pas moins aveugle si on le qualifie de personne aveugle; que Linda Gauthier ne marchera pas davantage si on la qualifie de personne handicapée. Évidemment, j’ai toute ma mobilité et ma vision est parfaite, c’est plus facile pour moi de sacrer des coups de pied dans les icônes du politiquement correct…

Par un après-midi récent, je suis allé prendre un café chez Linda Gauthier, boulevard Saint-Joseph, dans le Plateau. Cheveux noirs en pics, yeux bleus, coquettement maquillée. Son chien accompagnateur, un labrador hyperactif, n’arrêtait pas de me lécher. Yves, son mari, observait sagement la scène.

Je dois dire que Linda m’a littéralement harcelé, pendant des semaines, pour que j’aille la rencontrer. À un moment donné, je me suis presque fâché, j’ai dû lui dire de cesser de me relancer deux fois par jour.

Linda Gauthier, donc, milite et ne laisse jamais rien passer.

La terrasse d’un resto empiète sur le trottoir et bloque le passage aux fauteuils roulants?

Hop, une lettre aux élus de l’arrondissement.

La STM n’étend pas le service de transport adapté aux activités de la Nuit blanche de Montréal en lumière?

Hop, des appels, des lettres, de vagues menaces de protestation publique.

Un éclair passe dans ses yeux : « J’aime la chicane. »

Yves, son mari, un beau et grand gars gêné, laisse échapper un petit rire en flattant le chien.

* * *

Au mois de novembre, Linda a voulu aller voter aux élections municipales. Ça tombait bien, le bureau de vote était juste en face de son appart, à l’église. Sauf que l’église n’est pas adaptée pour accueillir les fauteuils roulants. Elle n’a pas pu voter. Hop, une vidéo sur YouTube, filmée devant l’église, pour embarrasser les autorités responsables des élections.

C’est ça, la vie de Linda Gauthier et celle de ses semblables. Une course à obstacles. On n’imagine pas les ennuis, les frustrations, les petites morts du quotidien.

On n’imagine pas l’envie de décapiter les clients d’un restaurant qui, festoyant sur une micro-terrasse érigée sur le trottoir de l’avenue du Mont-Royal, vous bloquent le passage. Et qui, lorsque vous leur demandez de se pousser, vous lancent : « Tu peux pas passer sur le trottoir de l’autre bord de la rue? »

Je dis à Linda que les choses ont quand même changé, depuis 30 ans. Je suis assez vieux pour me rappeler qu’on parlait des gens comme elle en les qualifiant d’infirmes sans que cela fasse vraiment sourciller. Et il y a les trottoirs, abaissés en pente partout, pour les fauteuils roulants. Les places de stationnement dans tous les parkings de centres commerciaux. Les toilettes adaptées dans les endroits publics. Ça évolue, non?

Linda fait la moue. Ce n’est pas assez. C’est trop peu. Et là, justement, j’ai bien envie de lui dire qu’elle est une emmerdeuse, qu’elle exagère. Je n’ai pas le temps. Elle enchaîne avec une histoire.

« Voyez mon chien. C’est un chien-guide. Il a le même entraînement que tous les chiens pour personnes aveugles, il est issu de la Fondation Mira. Sauf que moi, je n’ai pas droit aux allocations de l’État pour mon chien. »

Si vous êtes aveugle, pardon, si vous êtes une personne aveugle, l’État vous donne 1 200 $ pour votre chien-guide. Pour le vétérinaire, la bouffe. Mais si vous êtes en fauteuil roulant, vous n’avez pas droit à ces 1 200 $ pour votre chien accompagnateur. L’État trouve pourtant que c’est une bonne idée. Qu’il y a discrimination, ici. C’est du moins ce que pensait Philippe Couillard quand il était ministre de la Santé et qu’il a promis d’étendre l’allocation aux personnes handicapées.

Puis, Couillard est parti. Yves Bolduc a pris le relais avec une nouvelle équipe. Et, brusquement, la mesure est morte au feuilleton. Quinze ans de sensibilisation ont alors pris le bord, m’a expliqué Noël Champagne, de Mira. Mon collègue Michel Girard a dénoncé avec verve cette décision dans deux chroniques récentes.

On n’imagine pas la frustration, disais-je. Si on pouvait, on comprendrait pourquoi quelqu’un peut choisir de devenir une emmerdeuse…

* * *

Dans le quartier, Linda Gauthier n’a pas que des amis. Elle chiale. Elle peste. Elle interpelle des commerçants, des élus, qui la connaissent par son nom. Elle promet de s’enchaîner ici et là si un dossier n’avance pas. Elle menace de saisir la Commission des droits de la personne de certaines injustices, réelles ou pas. La Commission, justement, qui accueille sans cesse davantage de plaintes dans des dossiers touchant les personnes handicapées.

Je notais ses colères, ses griefs, ses frustrations. Je comprenais sans comprendre vraiment.

Quand t’as tes deux jambes, t’es à des années-lumière de comprendre cette frustration. Ce qui est clair, en revanche, c’est que ce sont des emmerdeurs comme Linda Gauthier qui font changer les choses. Des emmerdeurs qui refusent d’aller s’asseoir au fond du bus, qui refusent bruyamment de se faire servir dans la langue qui n’est pas la leur, qui refusent qu’on leur fasse avaler une mine d’uranium sans hurler. Les autres, les doux, les sympathiques, il leur arrive quoi, vous pensez? Ils se font toujours tondre.

– Au fond, Linda, rien ne change si on ne brasse rien.

– C’est ça. Faut pas avoir peur de ne pas être aimée…

Son mari, Yves, écoute sagement l’entrevue. Il n’est pas très jasant, Yves. Beau gars, mais je vous l’ai déjà dit. Commis dans une fruiterie. De 11 ans plus jeune que Linda. Un couple assez mal assorti. Lui, ambulant; elle, roulante. Qu’importe : leur logement, boulevard Saint-Joseph, en cet après-midi venteux et gris, suintait l’amour comme un marathonien dans le Sahara. C’est peut-être pour ça que Linda Gauthier se sacre bien qu’on l’aime ou pas, hors de cet appart. Lâche pas, l’emmerdeuse.

Ce texte est tiré de :

http://www.cyberpresse.ca/opinions/chroniqueurs/patrick-lagace/201003/03/01-4256867-une-personne-non-ambulante.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=envoyer_cbp

 

En espérant que ce journal vous a plu, je vous souhaite un bon week-end!

La prochaine parution sera le 28 mars.